Ni gréviste ni manifestante mais...
Pourquoi je ne suis pas gréviste et pourquoi je ne manifeste pas.
J’ai beau dire que je suis solidaire des grévistes, de leur action contre une réforme des retraites qui n’a pas lieu d’être, j’ai bien conscience du fait que c’est facile de prendre position ainsi, que c’est une façon de se décharger du sale boulot sur les autres en quelque sorte.
Faire grève implique d’accepter de perdre de l’argent même si, dans le cadre des négociations, les grévistes tentent, en général, de négocier le paiement des jours de grève et que des cagnottes sont mises en place.
Manifester implique de se mêler à la foule et réveille mon agoraphobie, j’ai peur d’être emportée par la foule, comme dans la chanson mais pas d’une manière aussi poétique.
Les risques encourus me font peur aussi. Manifester reste un droit mais il va de pair avec de la violence policière à l’encontre de manifestants pacifistes, violence un peu trop fréquente, ces derniers temps, pour ne pas paraître intentionnelle.
Je ne grève pas pour ne pas perdre d’argent, je ne manifeste pas par peur de la foule et par peur de perdre un œil ou une main.
Pas très glorieux comme bilan.
Cependant, je trouve injuste que nous n’ayons que ces moyens de protestation, nous les citoyens lambda. Ça m’emmerde, passez-moi l’expression, de devoir perdre de l’argent alors que ceux qui sont à l’origine de la protestation (oui, pas de la grogne, pas de la prise en otage de la population mais de la protestation, de la contestation, du refus) n’en perdront pas eux, d’argent. Ils ne sont pas pénalisés par la grève comme je peux l’être.
Les ministres ne marchent pas, ne roulent pas à vélo, ni en trottinette, ni en rollers, ni en hoverboard, ils n’expérimentent pas des modes de transport alternatifs parce qu’ils ne prennent pas les transports en commun, ils ont leur voiture de fonction comme s’en réjouissait la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye alors, j’espère qu’ils sont au moins bloqués dans les embouteillages quand ils veulent aller d’un point A à un point B.
Dire que l'on est solidaire du mouvement et expliquer pourquoi est une façon de le soutenir, on peut aussi donner aux caisses de grève pour soutenir financièrement les grévistes et s'informer auprès de médias indépendants pour bien comprendre les tenants et les aboutissants de ce bout d'histoire de France que nous sommes en train de vivre.
J'élève mes enfants selon certaines valeurs qui m'ont été enseignées, l’honnêteté, la bienveillance, le respect de l'autre et je suis désolée de voir que la classe politique ne respecte aucune de ces valeurs ni d'ailleurs celles de la République : liberté, égalité, fraternité.
Pour moi, ce n'est pas le système de retraite qui doit être réformé de toute urgence mais notre système politique.
Sandra Ganneval, écrivaine indépendante
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